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Comme tout le monde a des biais comportementaux, il n’est pas surprenant qu’ils touchent à la fois les conseillers et les investisseurs.
S’attaquer aux biais comportementaux courants en matière de placement
Nous avons récemment mené un sondage auprès de 169 conseillers financiers au Canada sur leurs biais personnels et ceux qu’ils observent chez leurs clients1. Les trois biais les plus courants que nous avons relevés dans notre premier sondage sur l’accompagnement comportemental sont l’aversion pour les pertes, le biais de récence et la familiarité.
On pourrait penser que le sentiment de satisfaction que l’on ressent lorsqu’on trouve 20 $ devrait être tout aussi fort que celui qu’on ressent lorsqu’on perd 20 $. Toutefois, en raison de l’aversion pour les pertes, les mauvais sentiments sont beaucoup plus forts. L’aversion pour les pertes peut inciter les gens à se méfier du risque de placement, et le choix des mots peut déclencher cette aversion. Par exemple, un investisseur qui a une aversion pour les pertes peut être disposé à investir dans un titre qui a 75 % de chances de prendre de la valeur. Mais si l’on dit à ce même investisseur qu’il y a 25 % de chances que le placement perd de la valeur, il est plus probable qu’il évite de s’engager, même si les probabilités demeurent les mêmes.
Dans notre sondage auprès des conseillers:
L’aversion pour les pertes peut influer sur les décisions de répartition de l’actif. Les conseillers qui ont une aversion pour les pertes peuvent limiter les occasions de croissance pour eux-mêmes et leurs clients en recommandant des placements plus prudents que le profil de risque de leurs clients.
Avez-vous déjà entendu parler d’une attaque de requin peu avant des vacances à la plage? Si cette nouvelle vous a fait hésiter à vous baigner dans l’océan, alors que les attaques de requins sont plutôt rares, vous avez eu un biais de récence. Autrement dit, le biais de récence est la tendance à s’attendre à ce que les événements récents se reproduisent plus souvent que ne le laissent entendre les faits. Par exemple, un investisseur ayant un biais de récence peut s’attendre à ce qu’une action ou un segment de marché qui est en hausse surpasse les projections, même si ces dernières sont fondées sur une analyse financière solide.
Dans notre sondage auprès des conseillers :
Les conseillers et les clients ayant un biais de récence ont tendance à laisser les nouvelles sur les marchés influencer leurs décisions de placement. Au lieu de s’en tenir à un plan axé sur les objectifs, ils pourraient choisir des placements peu judicieux ou éviter des placements qui cadrent avec leurs objectifs à long terme.
Imaginez qu’il est temps d’acheter une nouvelle voiture. Votre ancienne voiture vous a rendu de fiers services. Allez-vous étudier toutes les options qui s’offrent à vous et prendre une décision fondée sur des données pour effectuer votre prochain achat? Allez-vous plutôt chercher à faire une bonne affaire en achetant une voiture du même fabricant que l’ancienne? Si vous omettez de faire des recherches et que vous optez pour le fabricant actuel, votre fidélité pourrait être fondée sur un biais de familiarité. Le biais de familiarité est ce raccourci mental que nous prenons parfois lorsque nous faisons un choix et qui nous conduit à éviter le changement, afin de rester dans notre zone de confort.
Dans notre sondage auprès des conseillers :
Les conseillers et les clients qui ont un biais de familiarité ont tendance à investir dans des actifs qu’ils connaissent. Ce biais peut donner lieu à des portefeuilles sous-diversifiés qui empêchent les clients d’atteindre leurs objectifs. Parmi les façons courantes dont le biais de familiarité influe sur les placements, mentionnons la surpondération des actifs nationaux et une trop forte concentration sur les actions de sa propre entreprise.
Nous aimons croire que chaque décision de placement que nous prenons est fondée sur des faits et des chiffres. Mais la réalité est qu’il peut être difficile d’éliminer les décisions de placement impulsives. Cela devient particulièrement difficile en période de volatilité des marchés, contexte où les émotions sont naturellement exacerbées.
« Plutôt que d’éviter ce terrain émotif, les conseillers peuvent créer un espace de discussion sur l’existence des biais et leur impact potentiel sur la santé financière des clients, confie Anne Hoare, responsable des solutions de gestion d’actifs, SEI Canada. En abordant ces questions, le conseiller peut être en mesure d’aider ses clients à ne pas agir en fonction de leurs biais et à obtenir de meilleurs résultats. »
Les placements axés sur les buts sont une autre façon de surmonter ces biais. Nous croyons que l’idéal est de bâtir un portefeuille distinct pour chaque objectif du client en tenant compte de son profil de risque et de son horizon de placement. Pourtant, seulement 33 % des conseillers sondés adoptent cette approche. De plus, 41 % des conseillers sondés ont indiqué ne pas avoir établi de plan financier pour plus de la moitié de leurs clients.
Une approche axée sur les objectifs offre de nombreux avantages aux conseillers, dont les suivants :
1 Le sondage sur l’accompagnement comportemental de SEI, réalisé en mai 2023, comportait 169 réponses de conseillers au Canada sur leurs biais personnels et sur ceux qu’ils observent chez leurs clients.