Commentaire sur le marché
L’incertitude est la seule certitude.
Commentaire trimestriel sur les marchés premier trimestre 2025
Dans nos perspectives trimestrielles précédentes, nous avions prédit une année intéressante pour les investisseurs canadiens. Avec le recul (et conformément à la nature des années 2020), nous aurions peut-être dû dire : « Que le chaos commence ». Par une multitude de mesures exécutives, la deuxième administration Trump a rompu (du moins menacé de rompre) radicalement avec l’ordre commercial et militaire mondial des 60 à 80 dernières années, tout en exprimant des ambitions territoriales qui rappellent la fin du XIXe et le début XXe siècle. À l’approche de la « Journée de la libération » le 2 avril, nous n’avions pas constaté de bouleversements majeurs dans l’économie et les marchés, mais les économistes et autres observateurs s’inquiétaient, à juste titre, des répercussions potentielles sur les économies canadienne et mondiale ainsi que sur les marchés financiers.
Je pense que « chaos » décrit bien les décrets-lois de Trump. Même les partisans les plus ardents de l’administration reconnaissent que ces décrets-lois visent à remodeler massivement les modèles commerciaux établis de longue date. Dans son décret-loi du 2 avril, Trump a annoncé l’imposition de droits de douane de 10 % à l’encontre de plus de 130 pays, ainsi que des droits réciproques plus élevés pour les pays que Trump considère comme les pires contrevenants en termes de déséquilibres commerciaux.1 Étonnamment, le Canada et le Mexique ont été complètement exclus de la liste.
Même si c’est une bonne chose, il ne faut pas crier victoire trop vite. Les exportations du Canada vers les États-Unis sont toujours soumises à des barrières commerciales plus élevées, notamment des droits de douane de 25 % sur l’aluminium, l’acier et les marchandises non conformes à l’accord Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) de 2020, ainsi que de 10 % sur les produits énergétiques. Le Canada a la chance d’avoir échappé à de nouveaux droits de douane de la Journée de la libération, mais ces mesures existantes représentent toujours un risque important. Comme de nouveaux observateurs l’ont noté, les droits de douane cumulés en vigueur et annoncés par les États-Unis ont désormais atteint des niveaux observés pour la dernière fois dans les années 1930.2
De plus, Trump a promis d’imposer des droits de douane supplémentaires sur des secteurs stratégiques tels que le bois d’œuvre, les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs (les deux premiers pourraient entraîner des répercussions particulièrement importantes sur les industries canadiennes).
Enfin, en plus de ces vents contraires imminents et potentiels, l’économie du Canada est très exposée à tout ralentissement économique mondial ou américain précipité par la guerre commerciale de Trump et aux représailles ultérieures d’autres pays.
Les perspectives à moyen terme sont très préoccupantes. Les indicateurs de confiance se sont détériorés au Canada et aux États-Unis, et bien que le marché du travail soit encore dans un état raisonnable selon le rapport le plus récent, il est fort possible que nous commencions à observer une détérioration plus importante des données économiques concrètes au cours des mois à venir.
Quelle forme pourrait prendre cette détérioration économique ? Elle est soumise à de multiples forces et est donc impossible à prédire. Toutefois, nous pouvons identifier plusieurs points généraux : les volumes de marchandises soumises à des droits de douane importées par les États-Unis ; les marchandises de substitution disponibles sur le marché intérieur américain ; l’absorption ou la répercussion des coûts des droits de douane par les importateurs et autres entreprises et les répercussions sur les marges (une préoccupation pour les créanciers et les investisseurs) ; et les prix (une préoccupation pour les entreprises en aval et les consommateurs), etc.
La composante critique du risque de récession est l’impact sur l’emploi : si la baisse de l’activité globale ou la compression des marges entraîne une augmentation importante du chômage, une récession est presque certaine. Même si les États-Unis sont relativement peu exposés à ce risque, étant donné qu’ils sont un importateur net massif et que leur économie globale n’est pas fortement dépendante du commerce, ils ne sont pas à l’abri.
En plus du ralentissement de l’activité économique globale, les droits de douane aux États-Unis pourraient aussi d’exacerber l’inflation3, ce qui fait planer l’ombre redoutée de la stagflation, le fléau des banquiers centraux (la stagflation est également stressante pour les ménages qui n’ont toutefois pas à expliquer les décisions de politique monétaire à un public anxieux). Même si la Banque du Canada a continué à mener la voie pour ce qui est des baisses de taux d’intérêt parmi les banques centrales des pays développés, la stagflation pourrait la placer dans une situation difficile. Le fait que le Canada ait été exclu de la Journée de la libération de Trump pourrait rendre le travail de la Banque du Canada légèrement plus facile que ce que l’on craignait. Il n’en va peut-être pas de même pour la Réserve fédérale. Et si la guerre commerciale de Trump fait augmenter le niveau mondial des prix, la Banque du Canada et les autres banques centrales pourraient toutes se retrouver coincées par des choix politiques difficiles à terme.
Si les premiers mois de la présidence Trump ont de grandes conséquences, l’une des plus étonnantes a été le changement de perspective électoral au Canada. Nous avons observé précédemment que les sondages indiquaient une victoire des conservateurs en 2025. La situation s’est rapidement inversée. Fin septembre 2024, il semblait que les conservateurs obtiendraient 43 % du vote populaire et 220 des 343 sièges au Parlement (172 sièges sont nécessaires pour former une majorité). Le 2 avril, ces chiffres étaient respectivement tombés à 37 % et 117, tandis que les libéraux, sous la nouvelle direction de l’ancien chef de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, voyaient leurs chiffres passer de 23 % et 60 sièges à 43 % et 202 sièges.
Si environ un quart du glissement vers les libéraux s’est fait aux dépens des conservateurs, la moitié est venue d’anciens partisans NPD et le reste du Bloc Québécois et des verts. Selon un sondage CTV/Nanos mené de la fin février au début mars, « que faire avec le président Trump » a dépassé « l’économie » en tant que préoccupation la plus importante pour les électeurs.4 D’après les sondages, les électeurs dans l’ensemble semblent croire que Mark Carney et les libéraux sont les mieux placés pour diriger. Les conservateurs pourraient regagner du terrain entre maintenant et les élections, mais leur chef actuel, Pierre Poilievre, semble mener une bataille sur deux fronts, contre le bilan du gouvernement libéral sortant et contre Trump et ses droits de douane. Il pourrait être avisé pour lui de se concentrer davantage sur la guerre commerciale, et des rumeurs font état de désaccords internes sur le message actuel.5
Quel que soit le parti (ou les partis) qui prendra le contrôle du gouvernement du Canada après les élections d’avril, il aura du pain sur la planche. Dans la mesure où les mains de la Banque du Canada seront liées par des pressions inflationnistes plus fortes au cours des mois à venir et étant donné que les droits de douane mis en place jusqu’à présent sont susceptibles de peser sur l’activité, l’emploi et les revenus au pays, les décideurs politiques devront peut-être se familiariser avec la possibilité d’un assouplissement budgétaire fédéral concerté. M. Carney et M. Poilievre ont tous deux accueilli cette idée de différentes manières et à des degrés divers, mais leurs promesses électorales initiales ne permettent pas de conclure que l’un ou l’autre parti est pleinement prêt, pour reprendre une expression de l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, à faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir un marché du travail en difficulté, et encore moins à encourager des investissements commerciaux nationaux importants. (Ce dernier point est une question que nous avons soulevée, ainsi que d’autres, bien avant que Trump ne remporte l’élection américaine de 2024.) L’inflation induite par les droits de douane pourrait rendre l’assouplissement budgétaire plus difficile, car il est difficile de mettre en œuvre des mesures budgétaires importantes sans avoir d’impact sur l’inflation (voir les États-Unis vers 2021-2024). Il serait quelque peu ironique qu’un gouvernement dirigé par M. Carney adopte des politiques qui rendent la tâche de la Banque du Canada encore plus difficile, étant donné qu’il a été gouverneur de la Banque du Canada de 2008 à 2013. Mais le fait est que, dans l’état actuel des choses, un soutien budgétaire plus concerté sera probablement nécessaire.
Sur la question des investissements des entreprises, la Banque du Canada a publié en décembre 2024 une étude intéressante comparant la croissance à long terme du produit intérieur brut (PIB) par personne entre le Canada et les États-Unis, qui a révélé que l’écart pouvait s’expliquer en grande partie par les différences entre les 10 % des salariés les mieux rémunérés dans chaque pays. Ces différentes ont également contribué à expliquer l’écart entre les taux de croissance de la productivité des deux pays. Les auteurs ont conclu que « ces différends peuvent aider à déterminer quelles explications de la différence de PIB et de productivité au Canada sont des symptômes ou des causes de l’écart. Notre analyse suggère que l’émigration sélective de personnes hautement qualifiées pourrait être un facteur clé pour expliquer à la fois les différences de revenus persistantes entre les pays et le faible niveau d’innovation au Canada par rapport aux États-Unis ». Ces résultats soulèvent également d’importantes questions sur les éventuelles distorsions dans la mesure de la productivité, mais l’aspect de l’innovation semble toujours pertinent. Bien qu’il ne s’agisse que d’une pièce d’une mosaïque beaucoup plus vaste, une comparaison des demandes de brevets par habitant entre les pays indique que le Canada est nettement à la traîne par rapport aux économies plus axées sur la technologie en Asie, ainsi qu’aux États-Unis et à l’Allemagne.
Selon nous, la guerre commerciale de Trump rend les défis du Canada en matière de productivité et d’innovation encore plus pressants. Même si l’importance de l’investissement intérieur est largement reconnue, la création d’un environnement propice à cet investissement constitue un défi complexe et à long terme. La confiance des Canadiens dans les institutions publiques, bien qu’elle ait quelque peu vacillé ces dernières années, pourrait encore être suffisamment élevée pour permettre de lancer un tel processus. Sinon, le Canada risque de se retrouver dans une situation similaire à celle des États-Unis, où la méfiance croissante à l’égard des institutions politiques a entraîné un fossé politique profond et grandissant, avec une volatilité et une incertitude politiques beaucoup plus importantes.
Il est évident que les décideurs politiques canadiens vont être confrontés à un environnement extrêmement difficile, mais qu’en est-il des investisseurs canadiens ? Certains consommateurs canadiens ont décidé de protester contre les mesures commerciales de Trump en annulant ou en réduisant leurs voyages aux États-Unis et en achetant des produits « fabriqués au Canada ». Les investisseurs devraient-ils prendre des mesures semblables avec leurs portefeuilles, par exemple, en vendant leurs participations en actions américaines ? Nous comprenons ce sentiment, mais nous vous déconseillons de le faire. Premièrement, les impacts à long terme sur la performance relative entre les États-Unis et le reste du monde ne sont pas du tout clairs ; et à notre avis, les investisseurs ne devraient pas faire de gros paris sur de tels résultats avec leurs portefeuilles. Deuxièmement, la diversification est un principe fondamental de la réussite des investissements. Quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir de la position actuelle de l’administration américaine à l’égard du Canada et du reste du monde, les entreprises américaines contribuent de loin le plus aux indices boursiers mondiaux tels que le MSCI Monde tous pays. Retirer ses fonds des États-Unis représenterait un recul important de la diversification à un moment où l’incertitude géopolitique et économique accrue la rend plus importante que jamais.
La guerre commerciale devrait continuer à dominer les manchettes pendant un certain temps, mais il est toujours bon de garder un œil sur les surprises potentielles, car mieux nous sommes préparés, plus nous avons de chances de respecter notre stratégie d’investissement. Bien que nous n’y consacrions pas beaucoup de temps dans ce rapport, deux événements récents méritent d’être lus, et qui n’apprécierait pas quelques distractions en ce moment ? La fragilité du réseau électrique a été mise en évidence par l’explosion du transformateur de l’aéroport d’Heathrow6 et les craintes d’un « mirage de liquidité » sur les marchés des changes ont été soulevées dans un récent article de Bloomberg7. Le concept de mirage de liquidité n’est pas nouveau — des chercheurs associés à la succursale de New York de la Réserve fédérale ont écrit à ce sujet il y a dix ans en ce qui concerne les marchés du Trésor américain marchés du Trésor américain, par exemple8 — mais il faut y prêter attention compte tenu de l’environnement géopolitique et politique intense et chaotique actuelle.
Une année qui a commencé en lion décrit bien le premier trimestre 2025, car l’escalade des droits de douane, l’arrivée de nouveaux joueurs dans la course à l’intelligence artificielle, l’inflation tenace et l’affaiblissement des données économiques ont tous contribué à renverser la situation par rapport à 2024. Les thèmes qui ont récemment dominé, dont l’exceptionnalisme américain, la stagnation économique en Europe et un atterrissage en douceur à l’échelle mondiale semblent avoir considérablement évolué au cours des 90 premiers jours de l’année, l’Allemagne ayant lancé des mesures de relance substantielles et les taux d’intérêt américains ayant chuté en raison des possibilités croissantes de récession. Il est peu probable que les espoirs des investisseurs de voir la fin de l’année finir en mouton se réalisent compte tenu des annonces de droits de douane et des mesures de représailles qui continuent de peser sur l’économie, des négociations de paix sporadiques en Europe, et des messages contradictoires des entreprises à propos de leurs résultats et du comportement des consommateurs qui reflètent une approche prudente en cette période d’incertitude.
L’incertitude est l’une des certitudes dans les marchés financiers. En effet, tout effort qui nécessite d’anticiper l’avenir (comme l’investissement) implique de l’incertitude. Toutefois, à certains moments, l’incertitude semble plus… présente. Nous pensons que la plupart des gens conviendront que l’inflation est actuelle très présente, et ce, pour de bonnes raisons. Jusqu’à présent, l’année 2025 a apporté plus qu’un simple renversement de la tendance, la possibilité de droits de douane plus importants et plus vastes et une plus grande probabilité de récession aux États-Unis.
D’un point de vue plus tactique, nos attentes d’une amélioration des résultats des marchés boursiers se sont certainement concrétisées d’un point de vue géographique. Ainsi, même s’il n’y a plus de véritables bonnes affaires, nous continuons de privilégier les expositions mondiales générales. Les prévisions de bénéfices des entreprises ont été, à juste titre, mitigées compte tenu des incertitudes politiques, mais nous nous attendons à ce que les perspectives s’améliorent avec un peu plus de clarté et à mesure que des évolutions plus favorables au marché (comme la déréglementation aux États-Unis) commenceront à apparaître. Nous conservons notre penchant tactique pour les titres de valeur, car nous nous attendons à ce que les actions de valeur continuent de bénéficier de la dynamique du marché, notamment de l’inflation persistante, de la hausse des taux d’intérêt et d’une réévaluation du paysage de l’IA. D’un point de vue sectoriel, nous privilégions généralement les secteurs tels que la finance, l’industrie et la consommation de base.
Sur les marchés obligataires, nous restons pessimistes quant aux taux d’intérêt à long terme, tant aux États-Unis qu’en Europe. Les mesures de relance en Allemagne ne sont peut-être que le début d’un réajustement des priorités de dépenses à travers le continent. Cependant, si l’Allemagne est en mesure d’augmenter ses dépenses de défense et d’infrastructure compte tenu de son ratio dette/produit intérieur brut modeste, la situation dans le reste de l’Europe est beaucoup plus précaire. Cette perspective de relance supplémentaire à l’échelle du continent, en plus des données d’inflation déjà persistante, continue de nous donner confiance dans le fait que la voie de la moindre résistance pour les taux d’intérêt mondiaux à long terme est à la hausse.
Il convient de mentionner que, du moins aux États-Unis, la maîtrise des dépenses publiques est maintenant à l’ordre du jour. Même si l’approche adoptée fait l’objet de débats légitimes, le fait que la trajectoire actuelle insoutenable de la croissance de la dette soit prise au sérieux représente un énorme point positif. Ces efforts seront un parcours long et cahoteux, mais qui en vaut néanmoins la peine.
Les écarts de crédit reflètent le ralentissement général des actifs à risque et se sont élargis en fin de trimestre par rapport à des niveaux historiquement serrés. Même si nous ne prévoyons pas de récession, nous restons prudents pour ce qui est du crédit et préférons les secteurs titrisés au crédit d’entreprise.
Les matières premières restent surpondérées en manière tactique, car nous préférons une plus grande sensibilité à l’inflation en 2025, étant donné le fort potentiel de perturbations des prix dues à la mise en œuvre de droits de douane sur l’ensemble du complexe des produits de base, ainsi que de la demande continue des banques centrales pour les métaux précieux.
Les marchés mondiaux, mesurés par l’indice MSCI Monde tous pays, ont affiché de légères pertes en dollars US pour le premier trimestre de 2025. La performance positive dans la plupart des marchés mondiaux a été compensée par un recul aux États-Unis attribuable aux inquiétudes concernant les répercussions des droits de douane sur les marchandises importées imposés par l'administration du président Donald Trump. Au cours du trimestre, les actions américaines, mesurées par l'indice MSCI États-Unis, ont sous-performé leurs homologues européens, représentés par l’indice MSCI Europe, de la plus forte marge en plus de 30 ans (en dollars américains).9 De plus, l'indice S&P 500, qui mesure l'ensemble du marché américain, et l'indice Nasdaq Composite, fortement axé sur les technologies, ont enregistré leurs plus fortes pertes trimestrielles depuis respectivement le troisième et le deuxième trimestre 2022.10
Pendant le trimestre, les marchés émergents ont enregistré des rendements positifs et ont dépassé leurs homologues des marchés développés. L’Europe de l’Est a dominé les marchés émergents au cours du trimestre, grâce en partie à la vigueur de la Pologne et de la République tchèque. Le marché de la Jordanie, de l'Égypte et du Maroc a également enregistré de bonnes performances. La région de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) a enregistré un rendement négatif, principalement en raison de la faiblesse de la Thaïlande et de l'Indonésie. L'Europe a été le marché le plus performant parmi les marchés développés, principalement grâce à la vigueur de l'Espagne, de l'Italie et de l'Irlande. Les actions européennes ont augmenté dans la perspective d'une augmentation des dépenses de défense de l'Union européenne après une réunion controversée au bureau ovale, fin février, sur l'aide militaire entre le président américain Donald Trump, le vice-président américain J.D. Vance et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Les actions européennes ont reculé plus tard en mars après que l'administration Trump a annoncé des droits de douane sur les véhicules de tourisme, les camions légers et les pièces fabriquées en dehors des États-Unis. De plus, les pays nordiques ont bénéficié d'importantes reprises du marché en Norvège, en Suède et en Finlande.11
Le 3 février, la veille de l'entrée en vigueur des droits de douane de 25 % sur les importations en provenance du Mexique et du Canada (à l'exception des produits énergétiques canadiens, qui sont soumis à un droit de douane de 10 %), l'administration Trump a conclu des accords avec le Canada et le Mexique pour reporter les prélèvements de 30 jours. Ce re port a été accordé après que le Mexique a accepté d'envoyer 10 000 soldats à la frontière pour lutter contre l'afflux de fentanyl aux États-Unis, et que le Canada s'est engagé à nommer un tsar du fentanyl, à classer les cartels parmi les organisations terroristes et à lancer une force d'intervention conjointe avec les États-Unis pour lutter contre le crime organisé, le trafic de fentanyl et le blanchiment d'argent.
Le 4 mars, après l’entrée en vigueur des droits de douane de 25 % sur les importations canadiennes et mexicaines, les dirigeants de pays respectifs ont annoncé leur intention d’imposer des droits de douane de représailles sur les importations américaines. Fin mars, l’administration Trump a annoncé des droits de douane de 25 % sur les voitures de tourisme, les camionnettes et les pièces fabriquées en dehors des États-Unis. L’administration a également annoncé son intention d’imposer des droits de douane réciproques (qui visent à égaler les sommes perçues que d’autres pays imposent sur les marchandises américaines) sur les importantes en provenance des pays qui contribuent le plus au déficit commercial américain). De plus, le 2 avril, Donald Trump a annoncé que les États-Unis imposeraient des droits de douane de 10 % sur les marchandises importées de tous les partenaires commerciaux, et des droits nettement plus élevés sur les pays qui, selon l’administration, ont des politiques commerciales hostiles. La mise en œuvre de ces droits de douane était prévue pour le 5 avril. Le différend tarifaire en cours reste très instable et en constante évolution.
Les actifs à revenu fixe mondiaux, mesurés par l’indice Bloomberg Global Aggregate Bond, ont gagné 2,6 % en $ US pour le trimestre. Les titres adossés à des créances hypothécaires et les titres du Trésor américain ont enregistré les meilleures performances sur le marché américain des titres à revenu fixe, tandis que les obligations d’entreprises de bonne qualité et les obligations à rendement élevé ont enregistré des rendements négatifs. Les rendements ont baissé sur l’ensemble de la courbe au cours du trimestre. Les rendements des bons du Trésor à 2, 3, 5 et 10 ans ont diminué dans des proportions correspondantes 0,36 % et 0,38 %, 0,42 % et 0,35 % à 3,89 %, 3,89 %, 3,96 % et 4,23 %, respectivement.12 La baisse du rendement des bons du Trésor à 10 ans a entraîné une légère inversion de la courbe des taux (les rendements à trois mois ont dépassé les rendements à 10 ans), ce qui a historiquement été le signe avant-coureur de récessions économiques.
Les cours mondiaux des matières premières, tels que représentés par l'indice Bloomberg Commodity, ont augmenté de 8,9 % au premier trimestre. Une forte hausse fin mars, due aux inquiétudes concernant l'offre dans un contexte de tensions géopolitiques au Moyen-Orient, a fait grimper le cours du pétrole brut Brent de 0,2 %, à 74,77 dollars. Le cours du pétrole West Texas Intermediate (WTI) s'est également redressé, mais a terminé le trimestre en légère baisse de 0,3 %, à 71,48 $. Les prix du pétrole avaient baissé plus tôt dans le trimestre en réponse à une augmentation imminente de la production de pétrole par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en avril. Le prix de l'or a atteint plusieurs records au cours du trimestre, grimpant de 19,3 % alors que les investisseurs recherchaient des actifs refuges dans un contexte d'inquiétude face aux droits de douane proposés par l'administration Trump, ainsi qu'à une baisse du dollar américain. (Le cours de l'or évolue généralement en sens inverse de celui du billet vert.) Le cours du gaz naturel au New York Mercantile Exchange (NYMEX) a bondi de 33,0 % au cours du trimestre, le froid hivernal aux États-Unis ayant stimulé la demande. Les cours du blé ont chuté de 2,6 % au cours du trimestre en réponse à une proposition de cessez-le-feu dans la guerre russo-ukrainienne, qui a suscité des inquiétudes quant à l'augmentation de l'offre. Le prix du blé a également été freiné par la forte production de l'Australie et de l'Argentine, ainsi que par la baisse des importations en provenance de Chine.
Sur le plan géopolitique, l'administration Trump a cherché à entamer des négociations pour mettre fin au conflit russo-ukrainien après que le président américain s'est entretenu avec le président russe Vladimir Poutine. M. Trump a ensuite invité le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy à participer aux négociations avec M. Poutine en vue d'un cessez-le-feu dans la guerre. Fin mars, l'administration Trump a annoncé que la Russie avait accepté un cessez-le-feu limité de 30 jours dans le conflit. Peu après, cependant, le président russe Vladimir Poutine a posé plusieurs conditions à la trêve, notamment le retrait de l'Ukraine de quatre régions du pays que la Russie avait annexées illégalement en octobre 2022, mais qu'elle n'avait pas occupées, ainsi que la réduction de la présence militaire de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) près des frontières de la Russie.
Par ailleurs, à la mi-mars, les États-Unis ont lancé une attaque militaire contre les Houthis, un groupe militant soutenu par l'Iran qui s'est emparé de Sanaa, la capitale du Yémen, en 2014. Les Houthis ont continuellement attaqué de nombreux navires commerciaux traversant le détroit de Bab el-Mandeb, qui relie le golfe d'Aden à la mer Rouge et au canal de Suez. Selon un porte-parole du département américain de la Défense, les frappes aériennes ont touché plus de 30 cibles houthistes, notamment « des sites d'entraînement terroristes, des infrastructures de véhicules aériens sans pilote, des capacités de fabrication d'armes et des installations de stockage d'armes ».
1 Les « droits de douane réciproques » ont été calculés selon une approche inhabituelle et controversée basée sur l’excédent commercial de chaque pays avec les États-Unis divisé par ses exportations totales. Même si beaucoup a été écrit à propos de la Chine, cette approche menace également de nuire énormément à certains petits pays.
2 Les investisseurs pourraient entendre une référence à la loi douanière Smoot-Hawley Tariff Act de 1930 et à sa proximité avec le début de la Grande Dépression. Même si cela soit pertinent dans le contexte actuel, nous mettons en garde les investisseurs de considérer qu’il s’agit de la cause unique et immédiate de la Grande Dépression. La politique monétaire a probablement joué un rôle beaucoup plus important dans la grave récession mondiale du début des années 1930. Voir, par exemple, l’article de Douglas Irwin de 2010, « Did France Cause the Great Depression? » disponible à l’adresse https://www.nber.org/system/files/working_papers/w16350/w16350.pdf.
3 Le plein impact des droits de douane sur l’inflation fait l’objet de débats théoriques controversés, mais pour les besoins de la discussion, admettons que l’un des premiers effets est d’augmenter le niveau général des prix.
4 « Canadians say Trump and the economy are top issues influencing federal election vote, » CTV News/Nanos, available at: https://nanos.co/wp-content/uploads/2025/03/2025-2795-CTV-Feb-Populated-report-PP.pdf.
5 Voir, par exemple, « Second week of campaign underway as Poilievre faces criticism, leaks within Conservative ranks, » Toronto CityNews, disponible à l’adresse https://toronto.citynews.ca/2025/03/30/second-week-of-campaign-underway-amid-criticism-leaks-within- conservative-ranks/,
6 Voir, par exemple, « Heathrow is a wake-up call for utilities, » https://www.bloomberg.com/news/newsletters/2025-03-30/heathrow-is- a-wake-up-call-for-utilities, et « Widespread power failures demonstrate the fragility of our electrical grid, and the perils of privatization, » https://www.halifaxexaminer.ca/morning-file/widespread-power-failures-demonstrate-the-fragility-of-our-electrical-grid-and-the-perils-of-privatization/, et « From Fragility to Flexibility: The Path to a Resilient U.S. Energy Grid, » https://picus- capital.medium.com/the-path-to-a-resilient-us-energy-grid-e85546d242db.
7 « Traders fear global FX market may be less liquid than it appears, » https://www.bloomberg.com/news/features/2025-03- 30/wall-street-fears-liquidity-problems-creeping-back-into-currency-market.
8 Liberty Street Economics, « The liquidity mirage, » https://libertystreeteconomics.newyorkfed.org/2015/10/the-liquidity- mirage/.
9 Source : Forbes, « European Stocks Surge Ahead Of S&P 500 In Q1 2025 », 31 mars 2025.
10 Selon The Wall Street Journal. 31 mars 2025.
11 Toutes les déclarations de performance des marchés boursiers sont basées sur l'indice MSCI Monde tous pays.
12 Selon le département du Trésor américain. Au 31 mars 2025.
13 Selon l’ONS. 26 mars 2025.
14 Selon l’ONS. 14 mars 2025.
15 Selon Eurostat. 19 mars 2025.
16 Selon Eurostat. 7 mars 2025.
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